Conseils de culture d’un avocatier

DANS LA PRATIQUE: L’avocatier, grand arbre généreux à feuilles persistantes, se plante sur butte au mois de mai-juin, à l’ombre d’un autre arbre, d’un mur ou d’un bâtiment. Plutôt à l’abri du vent. Arrosé fréquemment au début, puis de façon plus abondante et espacée.

Tous les plants proposés ici donneraient leurs premiers fruits après 3 à 5 ans (tableau), et fructifient tant que la température n’est pas descendue en dessous de -7 à -8°C l’hiver précédent (-9°C pour Aravaipa).

C’est à l’âge adulte que les avocatiers acquièrent leurs résistances au gels. Les 3 ou 4 premiers hivers, ils devront être bien protégés lors des épisodes de fortes gelées (chapitre 5 ci dessous).

Index du présent article:

0 ) Réception du colis

1 ) Ombre

2 ) Terre (choix en fonction du sol)

3 ) Plantation

4 ) Arrosages

5 ) Gels

6 ) Paillage (ne pas enterrer le tronc)

7 ) Pollinisation (autofertile)

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A réception du colis, enlever les emballages transparents (sac transparent, éventuel pot transparent…) et bien arroser, puis planter rapidement.

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Choix de l’emplacement ombragé:

C’est le point le plus étonnant de ce site, je vais donc introduire ce chapitre, en synthèse:

Les avocatiers très résistants au froid ne sont pas des variétés espagnoles.

Dans leur tendre jeunesse, ils bruniraient et mourraient au soleil.

Adultes en âge de fructifier, ils peuvent rester à l’ombre ou aller chercher le soleil en s’étalant ou en passant par dessus leur ombrière. Dans ce cas, le bas de l’arbre est à l’ombre, et les pointes au soleil.

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L’avocatier est un arbre généreux qui est normalement très vigoureux pouvant atteindre 20 mètres de hauteur et 30m de large s’il a la place!. L’avaraipa original, en Arizona, ne fait que 15M de haut par 15M de large, il daterait des années 1880. Dans les plantations, une distance de 5 à 10 m entre chaque arbre est généralement respectée. Mais il s’adapte et ne craint pas la concurrence.

L’avocatier ‘Walter hall’ est plus petit (de vigueur moyenne).

Il est préférable de laisser l’avocatier pousser en hauteur, les fruits tomberont au sol sans se casser si leur chute est amortie par le tapis de feuilles mortes. C’est un arbre très résilient qui repousse même après des tailles et élagages, mais si on lui coupe la tête il repousse davantage en bas, ce qui peut devenir envahissant en prenant beaucoup de place utile et de lumière. En hauteur au contraire, il pourrait former à long terme un haut parasol apportant une ombre salvatrice en été tout en libérant de l’espace vital en bas.

Sous serre l’avocatier s’arrête de pousser quand il touche le haut qu’il ne perce pas.

A l’ombre???

L’avocatier devrait commencer à pousser à l’ombre puis mi-ombre (surtout pendant sa jeunesse). Il s’accommode bien de concurrence et de voisinage. Il doit être placé à l’ombre d’un arbre, d’un mur ou provisoirement à l’ombre d’une voile d’ombrage tendue verticalement à quelques cm au sud de l’avocatier. Même le collet (base du tronc) doit être à l’ombre.
Le soleil devrait être tamisé, ou de courte durée à mi ombre.
Sinon les avocatiers pourraient prendre des coups de soleil sur les feuilles et le tronc qui passerait du vert au jaune-maron puis mourrait!

il est préférable pour que l’avocatier subisse moins les pointes de froid les nuits les plus froides d’hiver, qu’il soit abrité sous un grand pin ou très proche d’un bâtiment d’un rocher ou d’un mur en pierre. L’avocatier peut devenir productif même à l’ombre. Mais il ira de lui-même chercher le soleil, quand ses racines “trouveront l’eau” (je me répète en partie…)

Il est remarquable que même après avoir lu ceci, plusieurs destinataires étaient malgré tout surpris que leur avocatier prenne des coups de soleil, comme si mon conseil ici était trop dilué dans une masse de conseils contraires sur internet? (pour d’autres variétés).

si vous avez compris passez directement au chapitre suivant? sinon Je le répète autrement:

Quelqu’un disait qu’il est plus facile de briser un atome qu’une idée reçue. Les avocatiers bien résistants au gel ne sont pas des variétés espagnoles de plein soleil… Au contraire, il leur faut: de l’ombre (et même ombre totale pour walter hole et fantastic), au nord d’un mur de 3m mini, ou sous des grands arbres (palmiers, pins, etc). C’est la première condition. Et j’insiste: Le mur ou canopée sont vitaux, pour le soleil et pour protéger d’une pointe de froid. Dit autrement: Un ciel découvert serait fatal. Et, une plantation plus tardive que juillet ne tolèrerait aucun gel l’hiver suivant (voir tableau des variétés et tolérances). Après quelques années de croissance, le haut de l’avocatier ira éventuellement chercher le soleil à plusieurs mètres du sol (ou pas), mais le bas de l’avocatier doit être à l’ombre.

J’espère avoir assez insisté pour faire évoluer l’opinion…

Sinon, je peux encore développer: L’avocatier n’est pas un pin. Les pins peuvent germer et commencer leur croissance en plein soleil, et d’autres arbres profitent de leur ombre pour s’installer. Dans une foret centenaire, les pins, mimosas, genêts et autres “précurseurs” disparaissent au profit des arbres dont ils ont permis l’apparition.

Même les variétés espagnoles (plus tolérantes au soleil), ne sont plantées en plein soleil que quand les arbres ont 2 ans mais pas au stade juvénile.

En tous cas, les feuilles les plus basses de l’avocatier tombent au fur et à mesure que le tronc se renforce.

Le plus souvent l’avocatier finit par trouver le soleil en dépassant son voisin ou en s’étalant: Au stade adulte quand il fructifie, il supporte le soleil à ses extrémités. Il peut être avantageusement planté sous un grand arbre dont la canopée cache le ciel, cela protège l’avocatier contre les courtes pointes de froid, en raison de phénomène de rayonnement les nuits les plus froides. (double avantage).

Exemple semi-protégé ci dessous: en bas de la photo le jeune avocatier est planté sur une butte (protégée des poules par un morceau de canisse). Il n’y est pour le moment, jamais exposé au soleil. La butte sera élargie à chaque opportunité de remblais de compost et matières végétales.

ci dessous au nord d’une maison, ombre totale également. 2m90 de hauteur, 2 ans et demi après son semis! (album daté avec autres photos ici):

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Choix et enrichissement de la terre:

Eviter les terreaux du commerce destinés au grand public: ils contiennent des “fibres végétales” indéterminées, c’est à dire que ce sont des compostages de bois agglomérés de déchetterie. Il y reste des résines et colles qui peuvent nuire aux plantes. Mieux vaut choisir les terreaux issus de magasins réservés aux professionnels, ou de l’humus de forêt. Les fibres de coco sont également correctes.


Mycorhisez la terre avec des concrétions de vers de terre ou humus de foret, ajoutés en surface (1 poignée ou plus). Les jardineries vendent des mycorhizes, c’est similaire.

Les racines d’avocatier sont sensibles, surtout s’il ne s’agit pas de ‘Duke7’ ni ‘Toro Canyon’. Elles ont donc besoin d’un sol bien drainé, de préférence riche, vivant et humifère.

L’avocatier se cultive sur butte de au moins plus de 1 m de large et 60 cm de hauteur qui va avec le temps s’affaisser à 30 cm de hauteur (une terre travaillée se tasse peu à peu, surtout si un trou de plantation a été fait en dessous).

Si le sol contient de 10 a 20 % d’argile:

on doit alors uniquement opter pour les racines (porte-greffe d’avocatier) ‘Toro canyon’. Et s’il contient plus de 20 % d’argile il faut absolument faire une terrasse avec un remblais de bonne terre drainante dans une pente.

pourquoi dans une pente?

Une pente est drainée contrairement à une cuvette. faire un trou dans l’argile et le remplir de terre plus drainante collecterait trop d’eau dans ce trou. c’est pour ça qu’il vaut mieux faire une grande butte, ou une terrasse dans une pente où l’eau ne stagne pas. s’il est fait un trou dans l’argile pour l’enrichir en matière organique bien décomposée, il faudra remettre 20cm d’argile au dessus de la butte, pour ralentir l’introduction de pluie dans le trou, pour qu’il n’y stagne pas trop d’eau. Ou si possible, faire une tranchée de drainage vers le bas de la pente, pour évacuer l’eau du trou.

Toro Canyon tolère environ 15-20% d’argile. Pour tester son sol soi-même : https://terra-potager.com/les-differents-types-de-sols-comment-le-tester/

Le lien précédent (“test du boudin”) conseille de tester à 15cm de profondeur pour les légumes du potager. Pour un arbre de 10 à 20M, on testera de préférence à 1m de profondeur. Attention de bien malaxer la boule de terre avec assez d’eau avant de faire le boudin, car si le boudin argileux n’est pas mouillé à coeur il pourrait se casser lors de a torsion du boudin, de la même façon qu’un boudin non-argileux …

Si vous utilisez cendre et urine comme engrais,

faites le avec la même parcimonie qu’avec tout autre engrais organique ou chimique: un excès peut entrainer des maladies et la mort. En moyenne un pipi et une poignée de cendre par M2 et par an, bien répartis sur de grandes surfaces. Si appliqués sur les racines, il faut les diluer dans 20 litres d’eau. L’effet n’est pas immédiat, l’azote sera disponible après une dégradation par des bactéries si elles ont assez d’air. Le sel et la pilule contraceptive ne sont pas biodégradables. Il y a 5 fois moins de sel dans l’urine de nuit, comparée à celle de jour.

Si vous achetez des engrais, respectez bien la notice. Un excès peut être préjudiciable ou même fatal. En cas d’excès, les feuilles peuvent s’enrouler ou se marquer de points noirs. Les engrais organiques ont une action plus lente, et plus respectueuse de la vie du sol, importante pour la santé des racines.

Une autre remarque n’étonnera pas les jardiniers chevronnés: toute matière organique mélangée à la terre doit être finement décomposée. Tous morceaux de bois et même paille ou débris non réduits à l’état de poussière, devraient rester en surface afin que l’air et la vie microscopique les décomposent puis les vers de terre les mélangeront.

3

Manipulations lors de la plantation ou du rempotage:

Comment planter ou rempoter l’avocatier afin qu’il soit vigoureux, sain et productif? Sans casser la motte et sans attendre qu’il ait trop de racines dans le pot. Pour cela il faut un pot spécial déroulable (cliquer sur les mots soulignés pour ouvrir une nouvelle page et voir), ou un sac de culture (ou pour les semis un godet en tourbe). La plantation ou le rempotage se fait avec soin, en prenant le temps de bien le faire sans casser la motte. Ne par retirer le godet en tourbe, il se plante tel que, et se biodégrade. Les racines le traverse facilement, sans tourner dedans. Si lors de la réception du colis une grande racine sort du godet en tourbe, la déplier autant que possible sans trop forcer, en la plaçant de façon qu’elle ne remonte pas vers le haut, mais plutôt vers le bas.
Essayez de pas les casser dans ce cas. Ses photos sont ici: https://fruitforestier.com/produit/jeune-avocatier-walter-hole/ Pour le sac de 1 litre d’une marcotte, le découper avec soin (photo: dans l’article “savoir reconnaitre les offres authentiques et sincères”); les racines qui seraient éventuellement sorties en bas de sac sont sans importance, car elles appartiennent au semis initial qui va mourir lors du sevrage automatique de la marcotte greffée dessus.

Si vous avez gardé trop longtemps l’avocatier en pot, il faudra casser les paquets de racines et chignons, afin de tenter de lui donner un nouvel essor et qu’il ne reste pas “bonsai”.

L’avocatier n’a pas de “racine pivot” à proprement parler, mais ses racines opportunistes peuvent descendre ou rester en surface selon là où elles trouvent l’humidité.

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Arrosages:


arrosez les bien à la plantation mais pas tous les jours, laissez la terre bien ressuyer entre 2 arrosages

Espacer les arrosages de plus en plus abondants et espacés pour que la terre soit plus humide en profondeur qu’en surface: et encourager les racines à aller chercher profond pour devenir autonome en eau.

N’assoiffez pas les jeunes: A ce stade, ils ont besoin de développer branches et racines.

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Très important: protéger contre le gel les 3 premiers hivers:

Un avocatier adulte devient + résistant au gel qu’un jeune; Et si en cas de gel extraordinaire ses branches ou une partie du tronc meurt de froid, il repousse vigoureusement au printemps suivant à partir des parties survivantes: tronc ou souche….

Au contraire, il faut protéger le jeune du gel. S’il souffre trop, il pourrait “griller”, ou résister l’hiver puis rester bloqué dans sa croissance puis mourir 1 ou 2 ans après. Le tronc encore vert au stade juvénile, est particulièrement fragile:

  • aux coups de soleil
  • au gel
  • La plante et surtout son tronc devront être bien protégé les 3 ou 4 premiers hivers, jusqu’à ce que le tronc et les charpentières soient couverts d’écorce marron.

Il existe plusieurs méthodes, construire un abri provisoire, ou placer des bidons de 200 litres tout autour. Ces bidons remplis d’eau constituent une réserve d’inertie thermique, font de l’ombre en été, et servent de support le 1er hiver pour couvrir pendant les nuits les plus froides seulement, avec par exemple de la paille entre les bidons, recouverts d’une grande couette ou autre (pour gagner 2 à 5°C). Les 2ème et 3ème hivers, l’avocatier dépassera la hauteur des fûts, mais il faudra quand même les laisser en place, en protection du tronc. Si possible, empiler d’autres fûts sur les premiers, ou sinon le voile antigel plus grand sera posé directement sur les cimes de l’avocatier. S’il est bien nourri, il pourrait grandir d’un mètre par an.

Pendant cette période sensible d’acclimatation, il est bon de protéger le tronc avec des manchons en mousse vendus pour isoler la tuyauterie, ou du plastique d’emballage à bulles d’air. Si cette protection se mouille, il faut l’enlever et la sécher entre les pointes de froid. Si elle est également bien sèche, de la paille peut remplir les espaces entre les bidons et le tronc.

avocatier protégé contre le gel
Exemple d’arbre fruitier protégé contre le gel, avec lampe chauffante. Ici: néflier du japon.

si l’avocatier est planté en mai-juin, il aura le temps d’installer suffisamment ses racines pour supporter de légers gels l’hiver suivant. S’il est planté en été, en automne ou en hiver, il sera plus fragile au moindre gel. Quelques chiffres de résistance en fonction, sont publiés dans ce tableau

Une autre option est de le rempoter et le rentrer à l’abri le premier hiver, mais cela ne dispense pas de le protéger les hivers suivants tant que le tronc est encore vert.

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Paillage et buttage:

comme pour la plupart des arbres il ne faut pas que le paillage humide non décomposé touche le tronc. Toute matière organique (paille, BRF, …) qui se décompose au contact du tronc, entrainerait le pourrissement de celui-ci.

il ne faut pas non plus enterrer le bas du tronc ( pas plus de 1 cm par an) car c’est une espèce qui ne se bouture pas, et qui se marcotte seulement dans des conditions spéciales après étiolation. (Un buttage excessif entraine la mort)

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Pollinisation:

En France il est autofertile, car lors de la floraison en avril, la moyenne de température du jour et de la nuit est inférieure à 20 degrés. Le cycle particulier des fleurs d’avocatier est donc déréglé à cette température. Il n’y a donc plus d’importance à associer une variété du groupe A avec une variété du groupe B.

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